Traversée(s), traverser…

© Philippe Fontaine

J’ai commencé à peindre à 60 ans, dans le sous-sol éclairé au néon d’un hôpital psychiatrique de Harlem.

L’enfant émerveillée, l’adolescente vulnérable, l’adulte consciente ont ainsi renoué dans mon présent.

Depuis, ma peinture est une quête funambule qui oscille entre les apparences et leur au-delà.

Je vois les êtres comme des paysages, et les paysages comme des individus.

Dans l’atelier, ma solitude est illusion : Garouste , la Pintura Negra de Goya, Giotto, Rembrandt, Bonnard, Matisse…sont proches et m’inondent de leur fulgurances.

Chaque oeuvre emprunte le même parcours : le dessin, l’équilibre, les formes, les couleurs….puis elle se dépouille du superflue, du prétexte, du sous-texte pour tenter, enfin, d’incarner une évidence organique.

Peindre, c’est révéler l’oeuvre ensevelie dans le support.

C’est une danse qui demande force et virtuosité.

atelier-anne-de-chabaneixLe propos s’impose au grès des découvertes et des désarrois : lectures, rencontres, actualités sont autant de sources qui abreuvent ma sensibilité.

Ainsi je chemine.

Sur la toile s’écrit l’expérience de la coincidentia oppositorum (coincidences des opposés) : vides et pleins, ombres et lumières, formes et leur effacement, apparitions et disparitions, visible et invisible, contrôle et lâcher prise, mouvement et repos.

Alors se fraye une forme tissée d’intentions et d’inconscience mêlées.

“Un artiste aujourd’hui ne peut ignorer le flux des images. En se les appropriant dans cet univers de la neutralisation de la subjectivité, il en dégage et signe une vision du monde.”
Frédéric LAMBERT

 

Artiste peintre